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Le poète, peintre et calligraphe, Su Dongpo, disait il y a 900 ans: «Avant de peindre un bambou, il faut d’abord qu’il pousse dans ton for intérieur.» C’est la traduction qu’en donne François Cheng dans son livre Vide et plein, qui reproduit également, dans une note, ce proverbe chinois cité par Matisse dans ses Ecrits et Propos sur l’art: «Quand on dessine un arbre, on doit, au fur et à mesure, sentir qu’on s’élève.» François Cheng écrit aussi: «… ce que visent ces correspondances, c’est la communion à travers laquelle l’homme inverse la perspective en intériorisant le monde extérieur. Celui-ci ne se trouve plus seulement en face; il est vu de l’intérieur et devient les expressions mêmes de l’homme, d’où l’importance accordée aux “attitudes”, aux “gestes” et aux “rapports mutuels”, lorsqu’on peint des groupes de montagnes, d’arbres ou de rochers.» Attitudes, gestes d’une montagne ou d’un arbre, identification avec un bambou: les réflexions que je notais au sujet de l’art et de l’activité mimétique qui le sous-tend ne pouvaient espérer meilleure confirmation. Elles prennent en Chine une autre dimension, celle d’une intériorité qui, loin de nous enfermer, nous relie au contraire à tout l’univers.
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