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Que le mimétisme dont je parle soit opérant face à des représentations humaines, on l’admettra sans difficulté. Chacun se souviendra même avoir éprouvé un sentiment similaire devant un arbre, par une sorte de connivence qui nous vient de la station debout, qui établit d’emblée entre l’arbre et nous une certaine familiarité. Mais, si l’on y réfléchit, toutes les formes se prêtent à ce jeu d’identification, toutes sollicitent le mime en nous. Une sorte de symbolisme naturel en est issu qui veut que la verticale signifie, selon les cas, la rectitude, la grandeur ou la stabilité; que l’horizontale, qui est la position du sommeil, soit généralement l’image du calme et du repos; que l’oblique, enfin, soit un symbole de dynamisme, celui de la course qui seule nous permet de demeurer inclinés sans chuter. Par le jeu subtil de ces correspondances, quelques lignes ou quelques taches suffisent pour faire naître en nous la force ou la faiblesse et pour que s’ouvre ou se referme l’espace autour de nous. Ces traces modestes sont la matière première de toute œuvre d’art. Le thème du mimétisme est curieusement absent de la suite du texte. A partir du douzième paragraphe il disparaît sans que, je l’avoue, sa disparition éveille en moi le moindre soupçon. Le dernier à l’avoir vu vivant est le onzième paragraphe. Dernier témoin, premier suspect: c’est lui qu’il faut interroger.
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