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Ce qu’en Occident on a appelé calligraphie, ce fut d’abord une écriture soignée, très belle, mais apparemment limitée à son rôle utilitaire. Il semble que le seul souci du calligraphe n’ait jamais été que de tracer ses caractères régulièrement, lisiblement, et de préserver scrupuleusement l’intégrité du texte qui lui était confié. L’imagination et la fantaisie ne sont certes pas absentes de ces pages, mais c’est surtout dans les marges qu’on les voit développer leurs arabesques et leurs entrelacs; c’est aussi dans les capitales, et plus souvent autour de la lettre plutôt que dans la lettre elle-même, que s’épanouissent les jeux de la géométrie et de l’ornement. Hors de ces espaces de liberté toute originalité paraît bannie, et la personnalité du calligraphe ne modifie pas de manière significative le dessin des caractères. Le modèle, ici, impose sa loi tyrannique. Mais on ne s’en plaindra pas. Cette loi a produit de purs chefs-d’œuvre; et il y a certainement beaucoup de beauté, et pour le scripteur lui-même beaucoup de satisfaction, dans cette humble obéissance, dans cette soumission quasi monacale à un type idéal. Il n’est peut-être pas indifférent pour l’histoire de l’écriture que la calligraphie ait d’abord été, en Occident, le privilège des moines.
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