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Je n’oublie pas les merveilleuses créations de la typographie. Les grands créateurs de caractères, qu’il faudrait tous nommer, mériteraient d’être connus du public au moins autant que les grands architectes ou que les grands sculpteurs. Mais ce n’est pas ici le lieu d’en parler: leurs créations sont faites une fois pour toutes, après quoi il suffit de les assembler. Et qu’on ne voie surtout pas dans cette réflexion le moindre mépris pour le métier de typographe. Un beau caractère ne suffit pas à faire une belle page, encore moins un beau livre, et le travail du typographe ne consiste pas seulement à aligner des caractères. C’est un art complet, difficile, et je ne serais nullement scandalisé de voir des pages de texte exposées pour elles-mêmes, sans illustration, sans ornement, sans lettrine ni cul-de-lampe, le texte seul offert au regard du public dans les musées et les expositions, — le scandale est au contraire qu’elles n’y figurent pas. Il reste cependant qu’il y a loin de ces pages, tout admirables qu’elles soient, à ces jeux subtils de rythmes et de formes, d’élan et de retenue qui caractérisent la calligraphie chinoise et la rapprochent singulièrement de la danse et des arts martiaux. Les peuples d’Orient connaissent aussi les livres, — manuscrits et imprimés.
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