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Quand les médecins et les artistes d’Occident entreprirent l’étude de l’anatomie humaine, ils le firent sur des corps sans vie, le scalpel à la main. Comme un enfant qui casse ses jouets, ils disséquèrent des cadavres pour voir comment ils étaient faits. Ce procédé est encore en usage de nos jours et, même si les moyens techniques ont évolué, c’est la même logique de l’objet que l’on voit à l’œuvre, qu’il s’agisse des célèbres planches anatomiques de Vésale, de l’écorché de Houdon ou des tranches du «Visible Human Project» — reconstitution virtuelle en trois dimensions, manipulable à volonté, de ce condamné à mort dont le corps, légué à la science, fut frigorifié, découpé en lamelles, numérisé et recomposé avant d’être livré, sur Internet, aux regards indiscrets. Parce qu’elle touche au corps et à la vie, la médecine est, peut-être plus qu’aucune autre discipline, révélatrice de l’esprit d’un peuple et du regard qu’il porte sur lui-même et sur le monde.
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