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Dans son livre sur l’écriture, et plus encore peut-être dans son Essai d’interprétation du chapitre 15 du Laozi, Jean François Billeter met le doigt sur ce qui me paraît être le point exact où les civilisations de Chine et d’Occident divergent; il met en lumière leur différence essentielle, la seule peut-être, la première en tout cas de toutes celles que, depuis des siècles, se plaisent à dénombrer voyageurs, historiens et sinologues lorsqu’ils comparent ces deux cultures, et dont les Chinois eux-mêmes, dans leur grande majorité, n’ont sans doute pas conscience. Pour simplifier, au risque de trahir la pensée de l’auteur, je dirai que la distance qui sépare ces deux univers est celle qui va du sujet à l’objet; si ténue qu’on l’imagine, elle est irréductible. En précisant toutefois que le sujet dont il est ici question ne saurait être l’objet d’aucun discours ni d’aucune pensée, mais que chacun de nous peut faire l’expérience intime de sa présence active. Il suffit pour cela de demeurer attentif et, dans cette attente, de le laisser advenir.
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