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Lors d’un colloque qui se tenait à Louvain en 1996, l’un des intervenants, Jean-Marie Simonet, après avoir rappelé que l’écriture chinoise constitue un langage autonome, trouva utile de comparer la réalité chinoise du signe à la théorie occidentale du langage, notamment à la relation tripartite formulée par de Saussure — signifiant, signifié, référent — qui ne lui paraissait pas applicable telle quelle en Chine. Si j’ai bien compris sa démonstration, le caractère chinois et l’objet qu’il désigne étant tous deux des réalités du monde sensible, le référent en Chine n’est pas l’objet mais sa représentation, c’est-à-dire l’image mentale que nous nous en formons. Je ne mets pas en doute la pertinence de ces observations que mon esprit, peu enclin à l’abstraction, a du mal à suivre. Je remarque seulement qu’on peut les appliquer indifféremment à une calligraphie de maître, à un texte écrit d’une main maladroite, à des caractères d’imprimerie ou à ceux qui sont générés électroniquement. Si justifiées qu’elles puissent paraître du point de vue de la linguistique ou de la sémiologie, ces considérations n’ont pas leur place dans un débat sur la calligraphie. A moins que leur auteur n’ait voulu signifier par là que pour comprendre quelque chose à la calligraphie chinoise il faille renoncer à l’aborder par le biais de l’esthétique; que, pour cette discipline, l’étude des idéogrammes n’est guère plus significative que celle de l’architecture, des paravents ou des théières.
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