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Une telle notation — galerie ou musée — n’est pas une écriture, c’est un code. Ce sont bien des signes, puisqu’ils signifient, mais ceux-ci ne constituent pas une écriture. Trop d’éléments viennent s’interposer entre nous et l’objet signifié. Trop d’intermédiaires atténuent la force du message, peut-être même sa substance. Nous concevons l’écriture comme une notation directe, elle doit renvoyer à l’objet par le plus court chemin. L’écriture idéale, dans ce cas, n’est pas celle qui reproduit plus ou moins fidèlement les sons de la langue parlée, mais celle qui représente directement les objets et les idées qu’elle évoque ou, mieux, — le mot est, je crois, de Marcel Granet, — qu’elle convoque. Autrement dit, ce n’est pas l’alphabet, qui n’est au fond qu’une sorte de partition, de notation musicale, mais le pictogramme et son prolongement naturel: l’idéogramme. Il est du reste révélateur que l’alphabet n’ait pas été la première écriture. Il fut inventé par des peuples comptables et marchands dont le temps, déjà, se comptait en argent. En Mésopotamie et en Phénicie les artistes ne manquaient pas, mais ils étaient probablement analphabètes.
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