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En suivant le devenir de l’enfant durant la phase d’apprentissage de son corps, on arrive à imaginer une dichotomie du «tout» originel plus réaliste que l’apparition d’entités abstraites dans lesquelles d’aucuns voudraient voir la marque d’une pensée primitive. Le passage de l’unité première à la multiplicité du réel s’effectue selon le modèle de la division cellulaire: un n’engendre pas deux, il devient deux. Et deux, ce n’est ni le ciel et la terre, qui ne se distinguent pas encore du reste, ni le yin et le yang, qui n’ont pas d’existence propre. C’est seulement une différence de sensibilité qui s’introduit, au sein de la conscience globale de l’enfant, entre son corps propre, qu’il ressent avec plus d’acuité, et le monde «en face» — dont, je suppose, il ne se sépare pas d’un coup ni tout à fait, cette double identité voyant s’esquisser peut-être son premier mouvement mimétique, en même temps que sa première expérience des nombres. Quant au troisième terme, c’est le couple inséparable yin et yang: par son absence, la face cachée de l’univers fait paraître plus réelle la face visible. Ainsi définis comme absence et présence, le yin et le yang ne sont ni des substances ni des forces, ni des éléments ni des principes, ni même des symboles. Des rubriques, si l’on veut, ou mieux: des états. Etats transitoires, éphémères — et relatifs — de toutes choses dans l’univers.
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