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De toute façon, dans le contexte du mythe de la Création, je perçois mal la différence qu’il y aurait entre un récit qui accorderait à quelques mots prononcés le pouvoir de produire le monde, et un autre qui reconnaîtrait ce pouvoir à quelques mots écrits. Cela revient sans doute à privilégier un sens au détriment des quatre autres, mais après tout il faut bien en choisir un, et, pour ma part, je m’accommoderais volontiers d’un mythe à l’usage des aveugles ou des sourds-muets dans lequel la lumière serait désignée par les lettres de l’alphabet braille ou par tels signes conventionnels des doigts de la main. Le mythe n’en serait aucunement altéré, car, en définitive, c’est la faculté de nommer et de distinguer qui est ici visée. C’est cette faculté, plus que la parole ou l’écriture, qui est véritablement créatrice, et c’est en elle que, en simplifiant peut-être à l’extrême, nous sommes appelés à reconnaître notre «image et ressemblance».
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