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Entre la parole et l’écriture le courant ne passe pas, ou passe moins bien qu’on l’aurait cru. On pensait les voir s’entendre comme larrons en foire, on les découvre sœurs ennemies. Un sinologue faisait observer que les peuples d’Occident ont toujours accordé la prééminence à la première, tandis que ceux d’Orient, — de Chine plus particulièrement, — ont de tout temps honoré la seconde, et que cette préférence n’était pas sans laisser des traces profondes dans leurs cultures respectives. Mais à la réflexion, outre qu’il reste à établir qu’il s’agit là d’une cause et non d’un effet, cette distinction ne me paraît pas ici déterminante. Elle justifierait tout au plus que l’Occident porte en plus haute estime la poésie, le théâtre et le chant, et qu’il relègue l’art d’écrire au second rang; elle n’explique en aucune façon que l’image des mots y soit tenue pour inférieure à celle des choses, et que la représentation du verbe n’y soit pas de tous les arts plastiques le plus noble, puisque le plus proche du divin.
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