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Les mots ne sont pas lettres mortes, et je comprends qu’une religion ait reconnu dans le verbe l’une des formes de la divinité à l’image de qui l’humanité aurait été façonnée. Dans le récit qu’elle fait de la Création, avant que la lumière soit, le mot pour la nommer existe déjà, et c’est par la seule vertu de la parole que l’univers entier et les êtres qui l’habitent paraissent soudain surgir du néant. Il est évident que si tout peut sortir du néant c’est que tout est d’abord dans le néant; créer signifie alors choisir, élire, distinguer, ordonner, c’est-à-dire, en définitive, nommer, ou pour mieux dire: appeler. Tout cela est au fond très cohérent. La parole est au commencement du monde et, pour celui qui croit, — crédule ou croyant, — les livres qui révèlent cette intuition sont sacrés. C’est pourquoi je m’étonne que les peuples qui confessent cette foi aient pu à ce point négliger dans leur art, humilier, brûler cela même qu’on aurait cru qu’ils adoreraient.
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