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Tout se passe comme si la partie maîtresse de notre être était entièrement dépendante, pour le savoir comme pour l’action, d’une autre part de nous-mêmes, infiniment changeante, faillible mais perfectible, qui lui traduirait les perceptions des sens et, en retour, interpréterait sa volonté. Nous nous trouverions en quelque sorte dans la situation de ces joueurs à qui l’on demande de deviner un mot ou un nom que l’un d’entre eux s’efforce de leur suggérer par des gestes et des mimiques appropriées, leur donnant l’occasion d’éprouver en silence ce que recouvre ce mot qu’il n’a pas le droit de prononcer. Ainsi notre compréhension du monde, — et par là même de l’art, — dépendrait de ce mime qui agit en nous et de la qualité de sa prestation; et c’est ce mouvement d’imitation, sans cesse commencé, sans cesse retenu, qui donnerait au langage son pouvoir d’évocation.
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