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Nous partons toujours du connu pour décrire l’inconnu, et c’est sans doute ce que fait l’auteur de la Genèse. Il n’y a pas d’imagination sans mémoire. Les souvenirs qui lui reviennent, ou qu’il recompose, sont ceux d’un monde sans forme, vide et obscur, où il baignait dans l’élément liquide, tandis qu’il entendait le souffle de sa mère se mouvant quelque part au-dessus des eaux. Il se souvient aussi d’une voix, la voix de sa mère, puis d’un grand cri, peut-être, qui le sortit de sa léthargie et l’amena à la lumière. Alors le jour se sépara de la nuit et le solide du liquide. Tel est, raconté de manière moins pittoresque, j’en conviens, le commencement auquel se réfère l’auteur de la Genèse. Le souffle, la parole, la lumière, le monde qui se met en place. Le décor est planté. Un décor composé d’objets qu’un créateur prévenant a généreusement disposés autour de lui. Rien que pour lui. — L’histoire se poursuit d’ailleurs bien au-delà de la naissance et met en scène le passage de l’enfance à l’âge adulte. Tout y est : le paradis merveilleux de nos premières années, le temps de l’obéissance puis celui de la transgression des interdits et de l’affirmation de soi, les désillusions de l’adolescence et la découverte de la dure réalité de l’existence: le travail, la douleur, la vieillesse et la mort.
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