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On a dit, parlant de Wang Wei, que ses peintures étaient des poèmes et que ses poèmes étaient des peintures. On pourrait dire, de même, que la calligraphie chinoise est un des genres de la peinture et que la peinture chinoise est une sorte de calligraphie. Ce serait à peine exagérer, tant il semble que l’on doive y reconnaître les manifestations diversifiées d’une même activité. Il existe en Chine un lien étroit entre peinture, calligraphie, poésie et musique, et c’est un lien naturel: nées toutes les quatre du même côté du cerveau, elles regardent le monde du même point de vue. En Occident, s’il est vrai que «les parfums, les couleurs et les sons se répondent», c’est avec la science et la technologie que les arts semblent avoir noué leurs alliances les plus fécondes. Les travaux de Pythagore, associant dans une même recherche la musique et les nombres; ceux de Paolo Ucello et de Piero della Francesca, unissant avec un rare bonheur peinture, géométrie, architecture et mathématiques; Leonardo da Vinci interrogeant d’un même regard la physique, la mécanique, l’anatomie et la peinture; Vermeer, photographe avant l’heure, observant le monde à travers l’objectif de sa camera oscura; Monet et Seurat, tirant parti de l’avancée des travaux de chercheurs contemporains sur la perception des couleurs; tous ces exemples tendent à prouver que c’est dans l’hémisphère opposé à celui de la Chine que l’Occident a établi son observatoire.
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