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Je m’étonne que pour les uns l’écriture soit un art majeur tandis que pour les autres son intérêt demeure limité au monde de la paléographie et à celui des arts décoratifs. Mais la notion d’art, qui sert de fondement à cette comparaison, va-t-elle vraiment de soi? Comment expliquer que tant d’objets différents par leur origine, par leur destination et par leurs choix esthétiques puissent tous être logés à la même enseigne? Cette valeur artistique qu’on leur reconnaît ou qu’on leur dénie correspond-elle à une réalité objective? Dans ce domaine que mes réflexions sur l’écriture ont craint d’explorer et où je m’aventure à présent, je dois m’attendre à ce que chaque question posée en soulève une autre et que chaque réponse trouvée se révèle à son tour chargée de nouvelles interrogations — comme qui entreprendrait l’étude d’une langue étrangère en consultant un dictionnaire écrit dans la langue qu’il veut apprendre, chaque définition apportant son lot de mots inconnus qui l’obligeraient à pousser plus loin son investigation. Mais cette quête n’est pas sans danger: c’est ainsi que les philosophes en vinrent à lâcher la sagesse pour la sémantique et la linguistique.
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