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L’écriture alphabétique est comme l’ombre des sons; est-ce pour cela que sa part, dans l’univers des formes, demeure celle de l’ombre? Serait-elle trop soumise à la voix, trop vide de sens quand elle est livrée à elle-même pour prendre, comme les idéogrammes, valeur d’emblème? L’exemple des symboles, des marques et des logotypes, — des emblèmes, justement, — montre pourtant les trésors d’invention que recèle l’alphabet quand les mots qu’il compose doivent d’abord se distinguer par leur caractère ou leur personnalité; autrement dit, quand une partie du message qu’ils véhiculent s’adresse aux yeux et n’est pas prononcée. Les marques de produits ou d’entreprises parlent sans être lues. Elles possèdent chacune sa propre identité, qui est avant tout visuelle, reconnaissable d’emblée par un enfant ou un analphabète. L’obstacle ne serait donc pas l’alphabet, mais l’usage qu’on en fait.
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