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Quand nous avons pris conscience de notre présence au monde, nous étions depuis longtemps partie prenante de ce monde. Nous sommes nés sur une route qui se perd aux deux horizons. C’est ce continuum de la conscience que la pensée chinoise a si bien perçu. Chaque individu appartient à une lignée qui le relie, sans interruption, aux origines de l’espèce, à l’apparition de la vie, à la formation de l’univers. En renouant avec les sensations du nouveau-né, en leur accordant reconnaissance et crédibilité, nous inscrivons nos brèves existences le long d’une ligne qui nous dépasse. Le tout initial n’est plus seulement tout l’espace, il est aussi tout le temps. Nous ne sommes plus cet individu qui chemine sur la voie, nous sommes la voie. C’est là, j’en suis convaincu, sans cinabre, sans élixir ni artifice d’aucune sorte, l’immortalité qu’ont recherchée les saints taoïstes. La seule possible, la seule concevable, en tout cas. «Je suis la voie, la vérité et la vie». C’est au sens propre qu’il fallait comprendre ces mots, et c’est à la première personne que nous devons les prononcer. En nous identifiant à la voie nous n’avons pas seulement la vie éternelle: nous sommes nous-mêmes la vie. De toute éternité.
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