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Même si l’on s’attache à la lettre plutôt qu’à l’esprit, la disgrâce dans laquelle est tombée l’écriture dans cette partie du monde n’en demeure pas moins surprenante. Les artistes d’Occident ont peint Dieu à leur image, confortés par l’idée que leur image était en effet celle de Dieu. C’était faire peu de cas de l’interdit qui frappait toute figuration du divin depuis le mont Sinaï, et la querelle des icônes qui éclata à Byzance montre assez qu’il n’était pas ignoré de tous. Certes, la religion chrétienne pouvait difficilement empêcher que l’on représentât sous sa forme humaine un Dieu incarné que chacun avait pu voir et toucher pendant plus de trente ans. Mais le Père? Il ne va pas de soi qu’on en vienne à le figurer portant la barbe et la robe, et l’image de la parole aurait mieux convenu, semble-t-il, pour rendre perceptible un Créateur qui précisément s’était manifesté par la parole. Curieusement, ce mythe et le texte qu’il inaugure n’ont pas exercé sur les arts en Occident la même autorité que sur les sciences au même moment.
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